Dans les pas des Immémoriaux

Au sortir de la guerre, l’homme ne peut plus être pensé indépendamment de la science. Sur le plan personnel, la vie à Paris et la Libération sont pour Pierre Simon comme un grand souffle de liberté et lui ouvrent le monde. Il fréquente le Montparnasse des artistes et Saint-Germain des Prés où il noue des relations d’amitié avec tout ce que ces lieux comptent d’intellectuels. La vie à la Cité Universitaire offre alors bien des expériences, au premier rang desquelles celle des amitiés les plus diverses auxquelles il restera fidèle toute son existence.

Ce passage à la « Cité U » lui permet aussi de répondre à toutes les curiosités. Les plus notables concernent le domaine du symbolisme, touchant parfois au farfelu chez les spirites ou, de manière éphémère, chez les Antonistes de la rue Vergniaud. Le constat est sans appel. Elles ne suffisent pas à satisfaire ses interrogations. D’autres guides se présentent alors. Parmi eux Victor Segalen auquel il emprunte l’idée que la médecine ne peut jamais se réduire à une technique étroite. Ce médecin de la marine, parti « ausculter les civilisations » en Polynésie d’abord puis en Chine, nourrit son goût des voyages et de la découverte. À sa suite, il arpente le monde. Très grand par la taille – il se plaisait à rappeler qu’une des ses ancêtres Asch avait servi l’Empereur témoignant ainsi de sa haute taille – Pierre Simon est, comme il aime à se décrire lui-même, « un arpenteur à la démarche rapide » qui parcourt la vie à longues enjambées. .

Grand voyageur devant l’Éternel, ayant plusieurs fois accompli la révolution du globe, il marchera sa vie durant dans les traces de Segalen.

De ses premiers voyages dans les démocraties populaires au sortir de la guerre au Congrès des étudiants socialistes, dans l’Union Soviétique de Staline ou, en 1957, dans la Chine de Mao à l’époque des « Cent fleurs », Pierre Simon a ramené des carnets de voyage à la manière de Segalen, carnets jamais publiés, où vision de l’homme et réflexion sur la marche de l’univers se mêlent aux minutieuses descriptions de temples ou de villes, encore refermés sur eux-mêmes et devenus depuis des hauts lieux de tourisme. Grand voyageur devant l’Éternel, ayant plusieurs fois accompli la révolution du globe, il marchera sa vie durant dans les traces de Segalen.

À mesure qu’il avance dans ses études de médecine, le modèle du grand médecin humaniste, Pasteur Vallery-Radot qui mêlait belles-lettres et auscultation des corps et Henri Mondor qui l’initie à l’amour des pré-colombiens, s’impose à ses yeux. Il en retient l’esthétisme du geste et le goût des collections. L’amitié qui le lie à Carlotta et Philippe Charmet et au groupe qu’ils forment avec un certain nombre d’amis de « La Peau du Chat » le fait entrer dans le monde de l’art contemporain et de la figuration narrative dont il fréquente assidûment les peintres des années durant